La diabolique tragédie

La France en 1950

roman, 1954

La diabolique tragédie
La diabolique tragédie

Première édition en 1954

Editions de La Sauterelle


105 pages

Préface par Dante Alighieri

Structure du roman

Voici un court roman qui démarre très fort, avec une préface de Dante Alighieri (1265 – 1321), le célèbre auteur de la Divine Comédie, qui vient ici rendre hommage à Pierre Coutras !

Contrairement à la Divine Comédie, structurée en trois chapitres (ou Cantiques) : Enfer, Purgatoire et Paradis, la Diabolique Tragédie ne comporte qu’une seule partie.

Cependant, au tout début du roman, tandis que Pierre Coutras vitupère contre les absurdités gouvernementales, et cherche à savoir qui en est responsable, un jeune homme apparait, assis dans le fauteuil devant son bureau : « Je suis Satan !… Parfaitement, c’est moi qui dirige le monde actuellement… »

Nous voici donc dans la partie Enfer.
Nous retrouvons les thèmes chers à l’auteur : tout le mal vient des réglementations, des lois, des permis, des codes, des abus de pouvoir, tout cela créé par de Diable pour enchainer les Hommes.

Page 78, une Rolls Royce majestueuse et magnifique s’avance. Le conducteur invite Pierre Coutras à monter à côté de lui, puis se présente : Dieu !
Et nous apprenons alors ce que pourrait, ce que devrait être le Paradis.

Analyse

Ce livre parait en 1954, 24 ans après « le Cierge qui fume ».
Alors qu’il a publié 13 romans entre 1916 et 1930, plus 3 pièces de théâtre et des poèmes, Pierre Coutras est resté « muet » pendant 24 ans.
Il se « taira » ensuite pendant 10 ans encore, jusqu’à la parution de « Mensonges » en 1964, puis de son dernier livre, « Chimères dans mon ciel » en 1966.

Dans le court opus qu’est « La Diabolique Tragédie », nous retrouvons l’essence des idées de Pierre Coutras déjà exposées dans sa jeunesse.
Il serait difficile de les publier aujourd’hui.
Il faut prendre un peu de recul pour les aborder : nous parlons d’un auteur né en 1889. Nous savons que la guerre de 14 a transformé définitivement les sociétés européennes, laissant une certaine amertume, un certain regret, à ceux qui avaient connu le « avant-guerre ».
Pierre Coutras exprime les idées de son époque, de son milieu, de son sexe, (quoi que, nous y reviendrons !)

Pour résumer les grands principes :
– les humains se répartissent en 2 catégories :
– ceux de la première catégorie sont les inventeurs, les artistes, les entrepreneurs, tous ceux qui, animés par une énergie débordante et positive font avancer le monde.
– ceux de la deuxième catégorie sont les frustrés, les jaloux, les étroits d’esprit qui mettent des bâtons dans les roues des premiers en les inondant de contraintes : règlements, lois, taxes, codes…
Les humains, créés par Dieu à son image, sont parfaits, et leur vie serait parfaite s’ils se contentaient de suivre les lois divines et naturelles.
Toutes les contraintes qu’ils acceptent de subir sont la création du Diable.

Haro sur le Coutras, conservateur, bourgeois, élitiste…
Cependant, dans sa répartition des humains en deux catégories, on notera que l’auteur n’évoque aucune discrimination de sexe ou de race, cela doit être souligné.
Pour la partie concernant les Lois divines et naturelles, on ne peut que constater que Pierre Coutras, bien qu’élevé dans un environnement fortement catholique, est très au delà de ce que l’on prêcherait aujourd’hui. Ainsi, sous le couvert de la parole de Dieu, il énonce que les humains pourraient déambuler nus, tels qu’ils ont été créés, manger ce qu’ils veulent quand ils ont faim, faire l’amour quand le désir s’éveille, avec qui bon leur semble, bref, suivre leur instinct parfait puisque divin pour organiser leur vie.
Et qu’ils devraient aussi se libérer des dictats des autorités ecclésiastiques, politiques, juridiques, toutes illégitimes et inspirées par Satan.
Pierre Coutras se révèle ainsi pour la sélection naturelle, mais contre la peine de mort, et pour l’avortement ainsi que l’amour libre. Son positionnement sur le statut de la femme est très en avance par rapport à la réalité de la société française de 1950.
Donc…
Comme d’habitude, arrivé au bout de la lecture, on ne peut que se dire : tout cela n’est pas faux…

Arcane 15 Le Diable pour La Diabolique Tragédie
Arcane 15 Le Diable pour La Diabolique Tragédie

Ici nous retrouvons l’Arcane 15, déjà vue sur une autre page, mais après tout, le Diable n’est il pas omniprésent ?
Rappelons nous cependant que cette carte n’a de diabolique que son illustration.
Dans un tirage, elle représente l’intensité, le talent, la domination, la flamme, la prise de risque, l’inconscient… Les Hommes de la première catégorie ?
Regardez bien les deux personnages, apparemment tenus en esclavage par un diable pas vraiment effrayant : les liens qui les attachent sont lâches, symboles des tourments que nous nous infligeons nous-même…