le squelette
Et oui, de 1922 à 1997, la famille hébergea un membre supplémentaire : Xénophon, véritable squelette humain de sexe masculin…
Voici son histoire !
Achat de Xénophon
Le 11 mars 1922, Pierre Coutras écrit à Henri Lavalette, Fournisseur des Facultés, 11 et 13 rue de l’Ecole de Médecine à Paris, pour demander le prix d’un squelette humain complet.
Ce type de transaction est autorisé à l’époque, les étudiants en médecine travaillent alors sur de véritables squelettes humains, et il est donc possible d’en acheter facilement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Monsieur Lavalette répond le 13 mars, et donne le prix 400F + 25F d’emballage. (le site de l’Insee, qui dispose d’un convertisseur par année, nous donne comme correspondance 51 837€ d’aujourd’hui !!!)
Pierre Coutras confirme sa commande le 20 mars, envoie un paiement de 425F, et demande « d’homme autant que possible ».
Le 27 mars, sans nouvelles de Henri Lavalette, il le relance, et précise dans sa lettre : « j’ai un besoin urgent de ce squelette pour un ouvrage que je prépare »
Le 29 mars, Monsieur Lavalette s’excuse, accuse réception du paiement, et annonce l’expédition de l’objet pour le 3 avril. « Il est grand et c’est un mâle »…Tout ça parait un peu surréaliste aujourd’hui !
Le 7 avril, il confirme l’envoi « d’un très beau squelette mâle ».
Le bordereau de transport nous indique que le colis n’a pas été livré au domicile de Pierre Coutras, mais à son cabinet, 60 rue de Grignan (aujourd’hui Rue Grignan), et l’agenda nous donne la date le lundi 10 avril 1922. « Il est beau c’est effrayant ».
Pierre Coutras l’amène à la maison le lendemain.
Pour avoir bien connu Xénophon, je peux témoigner que c’était un… objet ? remarquable.
Tous les os étaient assemblés par des lames de métal et des ressorts, ce qui lui permettait d’adopter toutes les postures naturelles du corps humain.
Cohabitation
A partir du 11 avril 1922, Xénophon va habiter la maison familiale des Coutras pendant de longues années.
Si Pierre Coutras l’appelle familièrement Toto, c’est Elisabeth Bettini, une amie de sa fille Jeanne qui lui donnera son nom définitif.
Xenophon en 1975 au Petit Prignon
Il passera sa pré-retraite, à la fin des années 70, chez Yvonne, la fille aînée de Pierre Coutras. Il lit ici tranquillement « Qui est là ? – Dialogue avec l’invisible » de Jean-Pierre Dorian.
Il prendra sa retraite en 1982, à Châteauneuf le Rouge, chez la fille d’Yvonne, qui lui permettra de partir pour… une nouvelle vie en 1997.
Il prend ici le soleil en attendant le chauffeur qui va venir le chercher pour de nouvelles aventures.
Il ne nous a jamais donné de nouvelles, trop occupé, certainement.