Le monde est bien petit… en 2016 et 2017, je chantais dans les chœurs du Barbier de Séville, puis de Don Pasquale, produits par FOGS à Meyrueis.
Chaque été, les habitants de Meyrueis soutiennent la production du spectacle : décors, costumes, logistique, hébergement des artistes…
C’est l’occasion de nouvelles rencontres, et ainsi, depuis 2016, je suis Amie sur Facebook avec Gisèle Giraud.
Et ainsi a-t-elle vu passer sur ma page un certain Pierre Coutras…
J’ai alors été contactée par son mari, Pierre, qui m’a demandé si j’étais bien la petite fille de Pierre Coutras, avocat et écrivain marseillais, qui dans les années 20, avait sponsorisé son père, Léon Giraud, coureur sur moto !
Une belle histoire !
Nous avons eu le bonheur de découvrir cette histoire par les propos d’Alain et Pierre Giraud lors de notre visite, mais nous avons eu aussi le grand plaisir d’en retrouver tous les détails dans ce livre extraordinaire qu’ils nous ont offert :
Revenu indemne de la guerre de 14, Paul Malafosse a retrouvé sa forge. Alors qu’il répare une De Dion Bouton achetée d’occasion, un visiteur distingué, inspecteur de chez Citroën à Béziers lui propose d’être agent pour la Lozère de cette marque que vient de créer André Citroën
Affecté à la réparation des chars et des camions durant le conflit mondial, Paul Malafosse, fasciné par l’automobile, est devenu un mécanicien exceptionnel.
En 1905, il avait épousé la fille d’un forgeron dont les ancêtres étaient d’importants marchands de mulets, et il avait repris l’affaire de son beau-père.
Il travaille à la forge, mais vend aussi des vélos, des motos, des machines à coudre, des fusils, des machines agricoles…
C’est en 1922 que le panneau au double chevron s’installe sur la façade du Garage Malafosse. C’est le début d’une grande aventure.
Paulette, la fille de Paul, le seconde. Elle apprend à conduire. En 1925, elle se présente à l’examen du permis de conduire. L’examinateur venu de Mende, en la voyant, annonce aux candidats qu’il leur donnera à tous le permis si elle réussit l’examen… qu’elle passe sans difficulté, devenant la deuxième femme du département à l’obtenir.
Ici entre en scène Léon Giraud, né en 1904, l’homme à la moto. Ce marseillais, qui a des attaches à Meyrueis s’y rend parfois. Sa mère est amie avec celle de Paulette.
A Marseille, il est mécanicien, entre autres au Garage Berthe, où il fait la connaissance d’un client assidu : Pierre Coutras.
J’ai ainsi appris que Pierre Coutras fut un mécène pour Léon Giraud, finançant ses licences de pilote et ses inscriptions à des courses de moto.
Léon Giraud va épouser Paulette Malafosse le 23 juillet 1927, et la noce se déroule dans le tout nouveau garage, celui que nous découvrons aujourd’hui. Léon travaillera désormais avec son beau-père.
Ce sont leurs fils, Alain et Pierre que nous avons rencontré.
Le site historique du garage est aujourd’hui un véritable musée, et la somme de documents d’archives qu’il abrite est impressionnante ! Tous les documents professionnels depuis l’affaire de vente de mulets de Monsieur Cabanel, le beau-père de Paul Malafosse.
Nous avons ainsi pu examiner des documents comptables, des albums photos, au détour desquels nous avons trouvé… Pierre Coutras.
Les frères Giraud nous ont montré des merveilles, affiches collectors, trophées, documents publicitaires rares, livres… entre autres celui de Maurice Louche consacré à la grande époque des « Grands Prix de Provence et de Marseille », dans lequel on parle… de Pierre Coutras.
Je dois résister ici à la tentation de raconter toutes les extraordinaires aventures de ce garage, qui étendra son activité sur toute la Lozère, rachetant en 1993 Citroën Mende.
Mais on ne peut passer sous silence celle qui commence en 1928 : le choix du Causse Méjean pour réaliser les préparatifs de l' »Expédition Citroën Centre Asie », plus connue sous le nom de « La Croisière Jaune ». C’est bien entendu le Garage Malafosse qui répare, modifie, améliore les autochenilles qui affronteront le circuit de Beyrouth à Pékin (qui sera modifié, l’URSS ayant fermé ses frontières à l’expédition).