Pierre Coutras et la Musique

J’étais l’antithèse incarnée du Docteur Faust, le fameux personnage de Gœthe, que Gounod a représenté dans l’opéra que j’aime le mieux. Ce merveilleux thème qui chante l’angoisse de l’humanité.

« Le Cierge qui fume », Pierre Coutras, 1930

Pierre et la musique

Le roman « Le cierge qui fume », hautement autobiographique, nous donne une piste sur la relation de Pierre Coutras avec la musique, dans cet aveu du narrateur :

 » Je n’entends pas la musique. Je suis sourd à ces vibrations cacophoniques qui remplissent les hommes et les animaux inférieurs d’extase. Je ne les comprends pas. Elles m’énervent. »

Cependant, plus loin :

« Seule la musique d’Aude m’impressionnait, me faisait rêver.
Parfois, le soir, lorsque nous étions seuls, elle jouait pour moi, à l’orgue, les morceaux bizarres que j’aimais.
Quand je les lui apportais, les ayant reçus de ces vieux bonshommes poussiéreux que je fréquentais, elle faisait semblant de se moquer de mes goûts pour le surnaturel. Mais elle devait les aimer aussi, ces morceaux fantastiques, car, ensuite, elle les interprétait magistralement. Sa petite âme moderne, née avec et pour les charlestons, comprenait à la perfection mon âme ogivale et parcheminée.
C’étaient alors, sous les doigts de ma petite Aude, au minois devenu sérieux, des odeurs gothiques d’encens qui montaient du clavier. Des enluminures royales, des miniatures aux traits fins et aux couleurs vives, des émaux et des ors. Des sons de chevauchées épiques ; des échos de tournois, de chasses à courre, de cor au fond des bois après la pluie, de grand’messes, de Dies Irae et de De Profundis magnifiques.
Personne n’a su ni ne saura, par de la musique, évoquer en moi notre passé chevaleresque comme ma fille…
Par dessus ces odeurs, ces couleurs et ces bruits, parce que c’était elle qui jouait, passait cette brise triste des cimetières qui fait balancer les saules et qui siffle doucement à travers les branches serrées des cyprès noirs… »

Pierre et l’Opéra

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Je n’ai jamais entendu Pierre Coutras évoquer une autre œuvre musicale que le « Faust » de Gounod !

Il faisait une entrée remarquée dans les pièces en chantant / déclamant « Me voici ! » sur l’air que donne le baryton interprétant Méphistophélès au premier acte de l’opéra.

Contrairement à ce qu’il écrit dans le Cierge qui fume, à la suite de la citation placée plus haut, Pierre Coutras s’identifiait fortement au Docteur Faust, et aussi parfois à Méphistophélès, mais nous y reviendrons dans d’autres articles.

Pierre et le Jazz

Autrefois, les bals plaisaient à mes ancêtres, les dames y étaient vêtues, la musique douce et les attitudes gracieuses.
Maintenant l’orchestre cloue des cercueils, jette des ossements, agite des castagnettes, tourne des crécelles, sonne des glas, et les danseurs se tordent comme des possédés. Le jazz, c’est la résurrection, tristement caricaturale, des sabbats où les sorcières crachaient, sifflaient, hurlaient, en flagellant à coup de balais les diables à la voix rauque.
Et dire que des crétins croient que cela nous vient d’Amérique !

« Le Cierge qui fume », Pierre Coutras, 1930

Tout commentaire parait inutile…

Pierre et la musique antique

Quand tous les invités furent là, les musiciens annoncés entrèrent dans la galerie, avec leurs instruments et se réunirent en groupe, au fond.
Des choristes les accompagnaient. Elles étaient toutes d’une grande beauté, presque nues, à peine voilées par une gaze légère.
Et le concert commença.
La musique, tantôt saccadée, pleine d’accords brusques, tantôt lente et langoureuse, était produite par de grandes harpes, à dix-sept cordes, au dos courbé en forme de faucille, par des psaltérions, et aussi par des guitares. On entendait le bruit argentin des sistres de bronze et des triangles, les notes aiguës des flûtes doubles, à cinq trous.
Les chanteuses psalmodiaient des hymnes, battant la mesure avec leurs bras, en gestes gracieux.

« Scéniophrès, roman historique Egyptien de la XIIème Dynastie » de Pierre Coutras, 1922

Pierre et le bruit

Voici un bien étrange papier à en-tête… vous pouvez le feuilleter ci-dessous, et y découvrir un extrait de « La Maîtresse d’Acier », qui parle de bruit… et de musique.

Nous verrons si la musique est évoquée dans d’autres œuvres, au fil de nos recherches…