Publié en 1966
à Avignon, éditions Aubanel
335 pages
dédié « A ma femme »
Dernier roman publié par Pierre Coutras, Chimères dans mon ciel est aussi le plus volumineux.
Les deux précédents (« La diabolique tragédie » et « Feuilles de platane ») ont été publiés en 1954, 24 ans après « Le Cierge qui fume » (1930).
C’est en quelque sorte son dernier cri, même s’il a encore devant lui 15 années de vie.
Après un avant-propos et une préface rédigés par l’auteur, l’ouvrage se décompose en trois chapitres de longueurs inégales :
– Genèse
– Exode
– Apocalypse.
Première partie : Genèse
Pierre Coutras règle ici ses comptes avec l’état, les politiques, les lois, les législateurs, les impôts et taxes, bref, tout ce qui écrase les citoyens, sujet qui lui est cher.
Il est bien placé, en tant qu’avocat, pour percevoir l’absurdité de certains aspects du système…
Nous passons ici sans arrêt d’un récit d’anticipation à une autobiographie scrupuleuse, dans laquelle les personnages sont son épouse, ses filles, gendres et petits enfants sous leur véritable identité.
Il raconte ainsi en détail l’histoire de sa lignée depuis Dialithos Coutras, débarqué avec Protis dans le futur port de Marseille 600 ans avant notre ère.
Il se pose ici en champion universel de la généalogie, mais le sujet est bien sur à débattre !
De même par exemple pour ce mystérieux Capitaine Coutras, dont nous avons bien la représentation, mais ne trouvons aucune trace…
L’anecdote du « Cadet de Coutras » est très drôle, bien que celui-ci ne soit pas de la famille, mais sorti de l’imagination d’Abel Hermant, auteur peu recommandable, qui en fait le héros de trois de ses romans : « Chronique du Cadet de Coutras » et « Coutras soldat » (1909) puis « Coutras voyage » (1913), et d’une pièce de théâtre : « Le Cadet de Coutras » (1911).
Nous découvrons aussi les origines de l’immense fortune du héros, et ne pouvons que regretter que cette œuvre soit en partie une fiction.
A la fin du premier chapitre, le plus long (205 pages), Pierre Coutras trouve un moyen de s’évader de ce monde de contraintes : il achète un sous-marin atomique d’une valeur de 100 millions de francs aux établissements Rolls-Royce, et s’enfonce avec son épouse Suzanne dans les flots…
L’idée du sous-marin Rolls-Royce démontre que Pierre Coutras s’est bien renseigné, en effet, la grande marque d’automobiles à commencé la production de réacteurs nucléaires pour sous-marins en 1960.
Il anticipe aussi l’invention du téléphone sans fil (gagné !) et des communications gratuites (perdu !).
Deuxième partie : Exode
A bord de leur sous-marin atomique baptisé « L’Innommé », Pierre et Suzanne Coutras parcourent toutes les eaux du globe, à l’abri des lois et des réglementations.
Sorte de parcours initiatique, le voyage débute par la recherche (et la découverte) de l’épave du « Henri IV », premier navire à vapeur entré dans le Port de Marseille en 1831 sous le commandement du Capitaine Valentin Coutras, et coulé en 1854 lors d’un combat en Mer Noire.
Il est à noter que Pierre Coutras, aux commandes d’un engin suréquipé et à la pointe du progrès, découvre l’épave grâce à son pendule.
Pendant ce périple, Pierre et Suzanne ont régulièrement des nouvelles de leur famille, les communications ayant accompli un incroyable progrès dans cette histoire.
Ainsi un jour, on leur demande de revenir à Marseille, dans la maison historique, auprès de leur famille languissante… Et ils réalisent alors qu’ils sont partis depuis… 10 ans !
A leur retour, ils découvrent à terre un monde totalement changé !
Troisième partie : Apocalypse
Et oui, tout a changé !
Appliquant les théories de Pierre Coutras énoncées -entre autres- dans sa « Diabolique Tragédie », les Français ont supprimé la République, les impôts et taxes, les permis de conduire, de construire, etc…
Dans une société libérée de toute contrainte, les humains, parfaits puisque créés par Dieu, vivent au mieux dans le meilleur des mondes.
Ce dernier chapitre explique comment chaque allégement des contraintes apporte une amélioration au fonctionnement de la société (et donc, fatalement, comment chaque impôt, taxe, examen, contrôle, grippe les rouages de la machine), permettant un retour à « l’Age d’Or » d’avant la guerre de 14, embelli par les découvertes technologiques intervenues entre temps.
On sourit un moment devant cet étalage, et puis on lève les yeux, et on se dit… mais oui, au fait… il a raison…
De retour à terre, Pierre Coutras revend son sous-marin à la maison Rolls-Royce, et reprend le volant de sa Goshawk III qui démarre au premier tour de clé, après 10 ans au garage. Le chapitre, et le livre, s’achèvent ainsi par une ode à la maison Rolls-Royce, qui, finalement, tient beaucoup de place dans ce roman !