Biographie :
Fille aînée de Pierre Coutras et Suzanne Rocheblave, Yvonne est née le 25 Janvier 1914, à Marseille, dans la maison familiale.
Elle est baptisée à Notre Dame du Mont le 31 Janvier 1914, entre sa marraine et grand-mère Céleste Mouren-Coutras, et son parrain Camille Almueis (secrétaire de police), mari de la Cousine Philippine.
Yvonne nait donc dans la maison de famille, à Marseille, en 1914. Ses parents partagent la maison avec la mère de Pierre, Céleste, qui dirige la maisonnée de main de maître, et décide de tout.
Elle impose à son fils et à sa belle-fille de mettre le bébé en nourrice. Yvonne ne pardonnera jamais à ses parents d’avoir accepté.
Elle me parlera souvent des gifles que sa grand-mère lui délivrait du revers de la main, lui déchirant la joue avec le diamant de sa bague.
Mère et belle-mère acariâtre et autoritaire, Céleste Mouren, née en 1856, est veuve depuis 1907. Son mari Joseph est décédé à 58 ans, la laissant avec Pierre, né en 1889. Joseph et Céleste ont perdu un fils, Auguste, né en 1882 et décédé à 5 ans en 1888, et une petite fille, Valentine, née en 1891, et décédée à 11 ans en 1902. Ces épreuves ont certainement influencé sa personnalité.
Céleste décède en 1944, mais heureusement, son autorité et son influence sur la famille ont diminué avec l’âge.
Elle n’a pas pu imposer la mise en nourrice de la deuxième petite fille, Jeanne, née en 1926.
Yvonne commence ses études à l’ Ecole Maintenon, tenue par les demoiselles Castanier, et les poursuit au Cours Bastide.
Elle fait sa Première Communion le 8 Mai 1924.
Elle suit ensuite des cours à l’Ecole des Beaux-Arts et des cours d’art dramatique chez Melle Girard de la Roche, 60 rue Grignan (Dans le même immeuble que le cabinet de son père).
Elle épouse en premières noces, le 29 Juillet 1933, à St Marc-Jaumegarde son ami d’enfance Francis Gonfard (1913 – 1985).
Ils habiteront au 47 rue Auguste Blanqui, puis à la Villa Hébé, rue Aviateur Le Brix.
Ils auront un fils, Jean-Louis, né en 1946.
Yvonne et Francis divorcent en 1948.
Yvonne s’installe alors 41 Bd de la Libération, où la rejoindra son deuxième mari, Jack Maupas (1928 – 1985), qu’elle épouse le 5 Août 1955, à Marseille.
Ils auront une fille, Véronique, en 1956.
Ils habiteront ensuite Le Petit Prignon, à Saint Marc Jaumegarde, une des maisons de campagne de Pierre Coutras, qui en fait don à sa fille en 1973.
Yvonne décède bien trop tôt du cancer à 64 ans le 17 août 1978 à Aix en Provence, et est incinérée.
Une personnalité…
Pour Pierre, Yvonne, sa fille aînée, est le garçon qu’il n’aura jamais.
La petite fille n’est guère intéressée par les études classiques, mais se passionne pour les arts et les activités physiques. Et pour les automobiles, comme son père.
Elle passe très tôt son permis de conduire. Elle fait avec son père de nombreux échanges de véhicules, et apprécie les grosses voitures. Conductrice émérite, elle participe à des rallyes, des courses, et des concours.
C’est avec Yvonne que Pierre Coutras « monte en aéroplane » pour la première fois de sa vie le 14 juin 1930, à Marignane.
Sportive, Yvonne pratiquera l’aviron au Rowing Club de Marseille, et accèdera au titre de championne de France en équipe, avec sa grande amie Alice Lecat.
En plus de la maison familiale à Marseille, certaines adresses compteront dans sa vie :
– le 60 rue Grignan : le 2ème étage est occupé par le cabinet d’avocat de son père. Yvonne prend des cours d’art dramatique chez Mlle Girard de la Roche au 1er étage, et elle installera sa maison de couture, Hébé Couture, au rez-de-chaussée.
– La Villa Hébé(rue Aviateur Le Brix Marseille 9ème) : avec son mari Francis, Yvonne y réunit un petit groupe d’amis, qui passent les nuits à écrire des poèmes et des chansons, philosopher, refaire le monde, y compris pendant l’occupation, derrière d’épais rideaux tirés pour cacher les lumières.
Baptisé « le Cénacle », ce petit groupe comprend Max et Lily Escalon, Roger et Mimi Seksik, Henri Peret et Robert Felices. Un soir où le groupe se réunit, Jeanne est là, chez sa grande sœur. Ce soir là, Gilbert Corazza, frère de Lily Escalon, l’accompagne. Après une partie de soirée consacrée à la poésie, Yvonne met des disques, on danse… Gilbert et Jeannette se marieront peu après…
– le 41 bd de la Libération (anciennement Bd de la Madeleine) : Yvonne y est locataire, mais elle dit souvent qu’elle ne s’est jamais sentie aussi libre qu’à cet endroit… aussi libérée ! Son appartement est au deuxième étage, et elle dispose au cinquième d’une chambre de bonne dans laquelle elle a installé son atelier de céramique.
Yvonne est donc aussi une artiste, elle dessine, peint, sculpte, chante, joue du piano, et écrit.
Parmi de nombreux romans, autobiographiques ou non, elle écrit « Yvonne et l’auto », témoignage de la relation d’une femme de son temps avec l’automobile. (parallèle intéressant avec « La Maîtresse d’Acier », roman écrit par son père !)
Le manuscrit est sélectionné par les éditions Stock (Hachette). Yvonne se rend plusieurs fois à Paris pour signer le contrat, valider la maquette, les photos d’illustration, elle est interviewée par la Duchesse de Bedford et par Jacques Chancel, le rêve devient réalité… et sans que l’on sache pourquoi, le roman ne sera finalement pas publié. Yvonne tombe alors malade, et n’a plus ni le temps ni l’énergie de se battre…
Ce sera le grand regret de sa fin de vie.
Débrouillarde, touche à tout, Yvonne a exercé divers métiers : secrétaire chez un avocat, boulangère, directrice de sa propre maison de couture (Hébé Couture), éleveuse de poules et de lapins pendant la guerre, et surtout céramiste, son métier officiel les vingt dernières années de sa vie.
De nombreuses photos nous montrent cette femme à la fois sportive et très féminine, toujours élégante, parfois très brune, parfois blonde platine, toujours à la mode.
Elle fut aussi aussi mère et grand-mère, bonne cuisinière et bonne maîtresse de maison.
Elle était gaie et pleine d’humour.
Elle était ma mère.
Explosion créative, beauté, règne, énergie vitale de la jeunesse, allégresse… Quel arcane correspondrait mieux à Yvonne ?
Dans le Tarot de Marseille, l’Empereur, debout, de profil, est tourné vers l’Impératrice, la regarde et semble lui tendre le symbole du pouvoir.
L’Impératrice est assise sur son trône, de face, elle tient déjà fermement deux symboles du pouvoir, et regarde l’Empereur en coin.
Elle est pleine et entière.
Yvonne, très en avance sur son temps et son milieu, a su casser de nombreux codes. Grâce lui en soit rendue.