Auguste Boncors

1905 – 1971, « un personnage pittoresque et pathétique né à Rostrenen » selon l’article que lui consacre Ouest-France le 3 octobre 2023…

Mais aussi un ami de Pierre Coutras, rien d’étonnant à ce que ces deux personnages atypiques se soient grandement appréciés !

Le premier mot qui vient à l’esprit au sujet de ce Breton bretonnant lorsqu’on le découvre est « mégalomane », comme en témoigne le portrait de lui que possède le Musée de Bretagne
Mais il ne faut point s’arrêter là.

Je reçois hier lors d’une réunion familiale les deux volumes des « Odes Triomphales » de Boncors, extraits de la Bibliothèque de Pierre Coutras.

Deux pensées me viennent en même temps au premier regard :
– l’état des livres témoigne de lectures répétées et assidues, comme le confirmeront plus tard les annotations au crayon que je vais découvrir autour des textes.
– couverture dorée et aigle impérial pour des livres publiés en 1937 et 1939… Aïe… cette imagerie sent un peu le souffre, non ?

Certes, j’ai au cours de mon enfance entendu mon grand-père Pierre Coutras, et ma mère parler de « Boncors », mais je n’en sais pas plus…
Me voici maintenant à la maison, l’auteur des livres est donc « Boncors » (il nous précise dans la préface comment on doit prononcer son nom : « Bon-cor-ss » ainsi que celui de son village natal Rostrenen : « Rostrenin ») et je me demande avec angoisse si je vais parvenir à lui trouver un prénom…

Mais ô surprise : notre homme dispose d’une page Wikipédia, et fait partie du patrimoine Breton, magnifique, partons à la découverte d’Auguste, donc !

Commençons par les livres, et non, je n’envisage pas de les lire avant d’écrire l’article, et probablement pas après non plus… quoi que… nous verrons.
Ouest-France me dit que « Auguste Boncors a publié Les odes triomphales, une œuvre lyrique en deux tomes de 700 pages pour 20 000 vers aux rimes riches et recherchées. L’auteur y chante la beauté, l’audace, le succès et immortalise les héros d’une gloire éphémère. Odes triomphales du poète impérial Boncors, le premier volume doté d’une couverture dorée, paraît en 1937.  « Sur la couverture de mon livre, l’aigle est le symbole de mon génie », livre-t-il. Le second volume est publié deux ans plus tard.  « J’ai du Tolstoï dans les veines et probablement du Sénèque », déclare-t-il alors. »

Bon, si l’aigle est le symbole de son génie, tout va bien. Une lecture en diagonale montre que cet homme était un véritable érudit en littérature classique, et fort doué pour la versification. Nous lui pardonnerons de parler de lui à la troisième personne.
En plus des 20 000 vers, nous trouvons :

Tome 1 : dédicace à Pierre Coutras et photo de famille

Tome II : une dédicace manuscrite (annotée par Pierre Coutras) et un portrait de l’artiste…

Une dédicace imprimée, en rouge, qui cite Pierre Coutras. Il est évident que ce feuillet est rajouté à part, et donc probable que tous les exemplaires ne contiennent pas la même.

Deux photos de Boncors, témoignage d’une passion commune avec Pierre Coutras : les deux roues…

La mise en page du livre réserve régulièrement des pages blanches.
Sur la page 17, Boncors a recopié au crayon noir un tableau de Pierre Coutras…

La page Wikipédia d’Auguste Boncors est succincte, elle nous apprend qu’il était néodruide, ce qui lui vaut mon éternelle sympathie.
Mais elle nous apprend aussi que, dénoncé par un proche, il est arrêté par la Gestapo en août 1943, envoyé au STO, déporté à Auschwitz, Buchenwald, Dora et Niederhausen. À son retour des camps de la mort, il apprend que celle qu’il aimait a été assassinée en 1944 pour avoir été la maîtresse d’un nazi…
Il est embauché comme manœuvre gros travaux chez Renault à Paris…

Nous pouvons le voir au volant de sa voiture au début d’un petit film amateur sur le site de la Cinémathèque de Bretagne.

Nous en apprenons plus dans l’article de Ouest-France, qu’il faut absolument lire, et qui nous livre deux belles photos :

Auguste Boncors - photo Ouest France
photo Ouest France
Auguste Boncors sur son vélocar - photo Ouest France
Auguste Boncors sur son vélocar – photo Ouest France

La découverte des épisodes tragiques de sa vie tempère l’image de cet incroyable mégalomane extraverti.

Aussi, je ne mets pas directement sur cette page le texte irrévérencieux du « A la manière de : Auguste Boncors » écrit par mon père demi-Breton Jack Maupas le 9 novembre 1961, qui était rangé dans un des deux livres. Irrévérencieux pour Boncors, mais aussi et surtout pour Coutras…
Mais pouvez le lire ici, bien sûr…

Et je ne peux résister au plaisir de lui laisser la conclusion de cet article :
« Il n’est de Boncors que d’Ajaccio »